21
Les revers de Mélijna

Mélijna avait travaillé sans relâche pendant trois jours et trois nuits pour découvrir que Menise était habitée par une sorcellerie dominante héritée, comme dans son propre cas, d’une vie antérieure. Combien de fois dans sa jeunesse Mélijna n’avait-elle pas été obligée d’agir contre sa volonté alors que l’esprit d’Acélia s’emparait de son corps pour le contraindre. Il en était de même pour l’enfant. Mélijna savait qu’il lui faudrait bien plus qu’une ou deux semaines pour trouver le nom de la femme qui hantait ainsi le jeune corps. L’idéal était d’interroger la mère, Sacha, sur l’origine de ses étranges enfants. La sorcière avait d’abord cru ne pas devoir le faire, mais elle y était maintenant contrainte.

Mélijna réduisit Justin au silence dès son arrivée dans la cabane du couple. Puis elle contraignit les mouvements de Sacha, plongeant ensuite ses yeux aux inquiétants reflets dans ceux de la pauvre mère. Sacha regretta amèrement de ne pas avoir suivi les conseils de son mari, qui l’avait suppliée de quitter cet endroit pour recommencer leur vie ailleurs, loin du château et de leurs monstrueux enfants. Elle avait été bête de refuser sous prétexte qu’elle ne parvenait pas à se détacher complètement des petits qu’elle avait mis au monde et qu’elle pourrait peut-être reprendre sous son aile un jour.

— Je n’ai besoin que de quelques renseignements, commença Mélijna d’une voix doucereuse. Je te promets de partir aussitôt que tu m’auras répondu.

Apeurée, Sacha évitait tout contact avec les yeux de la sorcière, s’obstinant à regarder partout, sauf droit devant elle. Une haleine fétide caressait le visage de la jeune femme et de longs cheveux gris et sales traversaient sans cesse son champ de vision.

— Je n’ai rien à vous dire, pleurnicha-t-elle, les membres douloureusement lourds et immobiles.

— Oh, mais il est inutile que tu parles, chère enfant, ricana méchamment Mélijna. J’ai seulement besoin que tu réfléchisses.

Dotée de la faculté de lire dans les pensées de plusieurs espèces pensantes, Mélijna n’avait nul besoin d’attendre que sa victime fasse preuve de bonne volonté, ni de la torturer. Elle pouvait prendre directement les renseignements dont elle avait besoin dans la tête de Sacha. Dommage que je ne sois pas capable de le faire pour toutes les créatures, songea-t-elle comme chaque fois qu’elle utilisait cette particularité. Certaines espèces lui résistaient, à l’instar de certains individus, dont Alexis.

Comme la sorcière l’espérait, Sacha ne put s’empêcher de repenser à cette nuit où elle avait été violée. Dans la tête de la jeune femme, les événements défilèrent à toute allure. La violence de l’agression refit surface en même temps que le visage de celui qui l’avait commise. Mélijna fronça les sourcils, enregistrant chacun des traits de l’homme dans la trentaine. Ce visage lui rappelait quelqu’un, mais elle refusait de se concentrer sur cet aspect du problème maintenant, au cas où elle manquerait une information d’importance dans l’esprit de Sacha. Puis Mélijna quitta les lieux non sans avoir infligé quelques tortures de son cru aux parents, ce qui lui permit d’évacuer une partie de sa frustration de ne pas avoir recueilli davantage de renseignements. Elle prit un malin plaisir à regarder les jeunes gens geindre lamentablement en lui demandant grâce, ce qui la fit redoubler d’ardeur dans sa cruauté ; elle détestait les faibles et leurs supplications. Elle préférait, et de loin, ceux qui lui tenaient tête et se défendaient réellement, donnant l’illusion d’un combat plus égal. Mélijna laissa derrière elle deux êtres recroquevillés, gémissant de douleur sur un plancher froid.

De retour au château, la sorcière s’enferma dans son antre, à la poursuite de ses souvenirs. Elle communiqua également avec ses traqueurs, qu’elle chargea de rechercher non seulement des Filles de Lune, mais également le jeune homme qui habitait les cauchemars de Sacha.

— Je vais continuer de travailler sur Ramchad. Peut-être que la mémoire me reviendra plus facilement si je ne la force pas…, maugréa Mélijna.

Quelques instants plus tard, elle disparaissait pour se matérialiser aussitôt dans le désert où était édifiée la cité.

 

* *

*

 

Kaïn avait quitté la cité de Darius à l’aube de son troisième jour à l’intérieur des murs légendaires. Il se rendait auprès de Pacôme et d’Ambroise pour prendre le pouls de la situation. Le Sage voulait vérifier s’il était possible de devancer le transfert des troupes pour mieux les préparer. Les magiciens auraient besoin d’être familiarisés avec cet univers qu’ils ne connaissaient que selon un mode de vie révolu et un climat de paix disparu depuis belle lurette.

Seule dans la ville, Andréa marchait sur les remparts, plongée dans ses réflexions. Elle n’avait pas envie de rester pour superviser ce que son amant nommait « l’armée des Sages ». Elle ne croyait pas pouvoir leur être d’une aide quelconque et savait qu’elle se sentirait rapidement envahie. Dix ans passés dans une caverne froide et austère avec elle-même pour unique compagne lui avait fait comprendre que, non seulement elle ne serait plus jamais la même, mais qu’elle ne pourrait plus vivre en groupe comme avant, encore moins en communauté. Elle rêvait de vaincre Saül avec une poignée de personnes, toutes proches d’elle, soit Kaïn, Madox, Naïla et son Cyldias. Cette dernière pensée fit bifurquer son esprit vers Derek, et l’Insoumise Lunaire se questionna encore une fois sur ce qu’était devenu l’homme qui n’hésitait jamais à lui porter secours dans la mesure de ses moyens, même s’il savait ne pas être réellement payé de retour. Elle refoula les larmes qui lui montaient aux yeux. Que de vies elle avait l’impression d’avoir gâchées en traversant autrefois vers la Terre des Anciens. Que de temps et d’illusions perdus. Que d’orgueils blessés et d’existences subitement interrompues par son unique faute. Immanquablement, le souvenir de Thanis refit surface, accompagné de celui de Laédia, et Andréa soupira à fendre l’âme. Comment pourrait-elle expliquer à son aînée que le décès de sa demi-sœur lui était imputable et qu’elle devrait en porter le poids sa vie durant ? Comment dire à Madox que le plus grand drame de sa vie n’était pas tant la mort de ce père qu’il avait tenté de sauver que le fait que c’était lui qui avait conduit Saül à eux ? Saül…

Andréa avait croisé tant de fois la route de ce sorcier que le nombre lui paraissait irréaliste. Et pourtant… Jamais il n’avait réussi à l’asservir. À chacune de ses tentatives, elle s’était défendue bec et ongles, refusant d’abandonner. Il lui en gardait d’ailleurs une rancune farouche et tenace. À ce souvenir, Andréa sourit. Quelle joie elle se faisait de rabattre le caquet de cet arrogant hybride qui croyait posséder le droit de les dominer tous. Il avait même poussé l’audace jusqu’à l’enjoindre de l’accompagner dans sa quête de gloire, lui promettant mer et monde. Elle lui avait ri au nez et sa hanche droite se ressentait encore parfois de ce refus catégorique.

Sa plus grande victoire avait été de voir ce qui se cachait sous le capuchon au contenu si noir. L’Insoumise avait pris le sorcier par surprise, lors d’un combat qui avait dégénéré en lutte à mains nues. Elle revoyait, à jamais gravés dans sa mémoire, les traits disgracieux de son opposant. Les yeux aux pupilles vertes étaient non seulement disproportionnés, mais également décalés, le gauche saillait au moins deux centimètres plus bas que le droit. Le sorcier avait un nez minuscule, un front trop large et une bouche tordue sur la joue droite. Sa peau couverte de pustules orangées donnait l’impression d’être sur le point de se morceler. Son crâne dégarni avait une vilaine teinte bourgogne, luisant sous le soleil. Quelques rares cheveux épars et trop longs ajoutaient au ridicule de ce visage à la Picasso. Sous le choc, Andréa avait éclaté d’un rire nerveux, ajoutant à la fureur de son ennemi.

Le vent se leva soudain, ramenant Andréa dans le présent. Elle secoua la tête, le cœur gros ; ce retour en arrière avait aussi ramené le spectre de Naïla puisqu’elle était enceinte à ce moment-là. Elle n’avait pas eu de nouvelles de la jeune femme depuis l’ascension de Saül et s’inquiétait. Elle devait se faire violence pour ne pas repérer magiquement sa fille toutes les heures ou tenter de communiquer par télépathie avec elle. L’imminence de la guerre rendait toute séparation plus difficile encore, surtout pour elle. Elle avait échoué dans son rôle de mère et craignait de ne pas avoir l’occasion de se reprendre. Il en était de même pour Madox, qui ignorait toujours qu’elle n’était pas morte dix ans plus tôt. Elle avait peur d’entrer en contact avec lui. Le Déüs avait fait son deuil et avait appris à vivre sans elle ; elle ne pouvait tout de même pas se présenter à lui et continuer comme si de rien n’était. Chaque fois qu’elle y pensait, Andréa reportait l’échéance, se disant qu’elle trouverait bientôt comment faire. En soupirant, elle reprit le chemin de la bibliothèque où elle étudiait un grimoire rempli de sortilèges de défense particulièrement cruels. Elle savait que dans une bataille, il fallait d’abord sauver sa vie, à n’importe quel prix. Elle détestait la torture, mais elle avait appris à l’infliger avec un certain détachement.

À peine Andréa avait-elle quitté les remparts qu’une désagréable sensation l’envahit. Elle eut la chair de poule et son cœur fit un bond. Dans cet univers, elle comptait sur les doigts d’une main les êtres qu’elle exécrait plus que tout. La sorcière qui venait de poser les pieds sur le sable du désert entourant Ramchad en faisait partie depuis plus d’un quart de siècle. Jamais Mélijna ne pouvait l’approcher sans qu’Andréa le sache. La mère de Naïla avait perfectionné cette forme de magie à l’époque où elle habitait les terres glacées des Insoumises. Elle avait dompté son corps pour reconnaître la présence de trois individus bien distincts : Saül, Oglore et Mélijna.

« J’ignore ce que cette horreur vient fabriquer si loin de son précieux château, mais une chose est certaine, elle n’y retournera pas indemne. »

Magiquement, Andréa se déplaça vers les remparts au nord où elle percevait l’aura de la sorcière ; elle la repéra sans peine, silhouette grossissant lentement dans un désert de sable beige. Comme l’aurait fait Mélijna, l’Insoumise attaqua sournoisement, profitant de son avantage. Elle eut la satisfaction de voir sa vieille ennemie projetée en arrière sous l’impact. Elle n’attendit pas que la harpie se relève pour porter un second coup, mettant le feu à sa robe.

— Je sais qu’il en faut plus que ça pour que tu crèves, grommela Andréa, mais j’ai davantage envie de te voir souffrir que mourir pour le moment.

Une première riposte l’atteignit, mais ne lui donna que quelques fourmis dans les membres. Dans son empressement, la sorcière avait oublié que certains sortilèges n’avaient aucune emprise sur les Filles de Lune telles qu’Andréa. Celle-ci en profita pour attaquer une troisième fois. Tandis que Mélijna éteignait les flammes qui ravageaient ses vêtements, le sortilège emmêla ses cheveux en une longue série de nœuds inextricables. Sourire aux lèvres, Andréa se délectait de sa réussite. Il y avait de nombreuses années qu’elle rêvait de voir la sorcière en difficulté. Un à un, elle fit se déchirer, au bout des doigts, les ongles trop longs, puis elle les fit s’arracher à la racine. Trop occupée à se réjouir, l’Insoumise ne put parer la riposte de sa rivale qui fit naître en elle une nausée si vive qu’elle s’effondra à genoux pour vomir à répétition, jusqu’à ce que son estomac soit vide. Andréa s’obligea à se reprendre, sachant que la sorcière ne lui laisserait aucune chance. Elle se releva en vacillant, les mains tremblantes, mais échoua dans sa tentative de rendre la pareille. Mélijna n’étant pas idiote, elle avait prévu sa réaction. D’un geste du majeur, elle se protégea tout en envoyant une nouvelle attaque. L’Insoumise Lunaire sentit sa peau la démanger furieusement, et des centaines de cloques douloureuses naquirent. Ses Âmes s’empressèrent de combattre le sortilège pendant qu’Andréa ripostait une nouvelle fois, tout en cherchant avec frénésie une formule plus efficace. Si le vent qu’elle fit se lever chassa bientôt la sorcière, ce n’est pas tant grâce à elle qu’aux sylphes qui quadruplèrent la force du simoim, déplaçant d’importantes quantités de sable.

Les élémentaux avaient également perçu l’arrivée de l’indésirable et lui servait une leçon par l’entremise d’Andréa. Dès que Mélijna eut disparu, ils expliquèrent la situation à l’Insoumise, qui piqua une sainte colère. Au contraire des sylphes, elle ne voulait pas que Mélijna s’en aille, mais bien qu’elle souffre. Elle se moquait de savoir que les élémentaux protégeaient la ville, elle ne pensait qu’à se venger. Peu lui importait les blessures reçues ou la douleur ressentie, elle était prête à bien pire pour assouvir sa vengeance. Contrariée, elle s’enferma dans la bibliothèque et rumina sa frustration. Elle se promit que la prochaine fois, rien ni personne ne se mettrait en travers de sa route.

 

* *

*

 

En arrivant à l’Orphelinat des Sages, Kaïn avait eu une surprise de taille. Ambroise avait terminé la préparation de ses troupes et attendait avec impatience le retour de son confrère.

— Jamais je n’aurais cru qu’il me serait si facile de leur expliquer la situation. J’aurais pourtant dû savoir que leur intelligence supérieure m’aiderait grandement…

— Ne te réjouis pas trop vite, Ambroise, répliqua Pacôme. Je trouve justement qu’ils ont compris trop rapidement ; ils me donnent l’impression d’être des gamins pressés de montrer leur savoir-faire. Tu sais comme moi que ce genre de comportement peut nuire davantage qu’autre chose. Je ne suis pas certain…

— Tu n’es qu’un rabat-joie, Pacôme, grogna Ambroise. C’est moi, habituellement, qui joue ce rôle…

— Justement, rétorqua l’autre, je me demande où sont passés tes habituelles jérémiades et ton légendaire pessimisme. Depuis la réapparition inattendue de Kaïn, tu ne cesses de t’enthousiasmer pour des vétilles et tu comptes presque les jours qui te séparent de ton retour sur la Terre des Anciens.

— Tu devrais être content que tes années de remontrances envers mon comportement désagréable aient enfin porté fruits.

— Je ne me réjouirai que quand j’aurai compris ce qui se cache derrière ce renouveau et pas avant, grinça Pacôme. Je ne suis pas stupide, Ambroise, et je ne suis pas non plus né de la dernière pluie ; tu trames quelque chose, j’en mettrais ma main au feu…

— Bon, bon, bon. Dès que quelqu’un fait un effort pour s’améliorer, tu l’accuses aussitôt de tous les maux. Ne peux-tu pas simplement envisager que je puisse avoir changé ?

— Non.

La réponse, catégorique, avait fusé de la bouche du Sage furieux, qui tourna les talons pour se réfugier dans ses quartiers.

— C’est ça, grommela Ambroise, va bouder ! Tu reviendras quand tu seras de meilleure humeur… Il peut bien dire que j’ai changé, continua-t-il en s’adressant maintenant à Kaïn, lui qui ne sourit plus que par intermittence. Je ne l’ai jamais vu aussi renfermé que depuis l’annonce de mon désir de partir moi aussi. Il ne croyait quand même pas que j’allais bêtement attendre en sécurité pendant que l’avenir de l’univers de Darius se jouait ailleurs. Je ne suis pas resté enfermé pendant des siècles pour me tourner les pouces alors que d’autres iront se faire tuer en défendant de leurs convictions.

— Tu ne peux pas lui en vouloir. Tu es tout ce qui lui reste de son passé. Tu es également le seul qui puisse le comprendre.

— Je te rappelle que nous sommes trois, Kaïn.

— Non, vous n’êtes que deux. Je n’ai jamais été près de vous, pas plus que je n’ai réellement fait partie de la confrérie des Sages de l’époque de Darius.

En prononçant le nom de celui qu’il savait maintenant son père, Kaïn fut parcouru d’un frisson, mais il s’efforça de n’en rien laisser paraître. Il ne savait pas si Ambroise ou Pacôme était au courant de ce lien qui unissait le grand Sage à son apprenti préféré.

— Je n’ai jamais été accepté comme l’un des vôtres, tu le sais.

— Mais je n’empêche pas Pacôme de venir ! s’exclama Ambroise. Je n’ai jamais souhaité le laisser derrière, c’est lui qui a dit qu’il ne viendrait pas. Je ne…

— Il a probablement cru que ce serait toi qui assumerais la tâche ingrate de passer pour un lâche en te terrant dans ton passé douillet au lieu de foncer pour défendre le monde en lequel vous n’avez jamais cessé de croire. Tu l’as donc pris par surprise en te proposant spontanément pour accompagner les mages que vous aviez formés ensemble et il s’est retrouvé dans l’obligation d’assumer la part du marché que tu refusais…

— Mais puisque je te dis que je ne l’empêche pas de…, s’entêta Ambroise.

— Tu sais aussi bien que moi que nous ne pouvons nous permettre d’être tous les trois sur les champs de bataille ; il faut qu’au moins l’un d’entre nous reste pour les générations futures en cas d’échec, et ça ne peut être moi.

Ambroise hocha plusieurs fois la tête de gauche à droite, refusant d’accepter l’explication de Kaïn. Il se passa la langue sur les lèvres à maintes reprises, cherchant la faille dans le raisonnement de son cadet, la possibilité de contrer la logique implacable. En soupirant, il se résigna enfin, mais ne s’avoua pas totalement vaincu.

— D’ici mon départ, je trouverai bien une solution…

— Tu devras te presser, l’avertit Kaïn. Puisque vos élèves sont prêts, je propose de commencer le transfert vers Ramchad dans deux jours au plus tard. Plus vite ils seront sur place, mieux nous pourrons nous défendre en cas de besoin.

 

Quête d'éternité
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